mardi 6 mai 2014

[Critique] Xibalba – ou comment admettre sa mortalité ?

The Fountain
Apaisement

Chaque mort est différente. Chaque individu l’affronte à sa manière. Tout au long de notre vie, nous cherchons à la fuir ou à l’admettre. Car, nous le savons, notre temps est compté, celui de nos proches également : certains peuvent se croire invincibles un jour, ils seront poussière le lendemain. Mais comment l’accepter ? Et est-ce seulement acceptable ?

Des milliers d’œuvres traitent de cette angoisse fondamentale, toutes selon un angle différent, rapport au vécu de leur auteur. Parmi elles, The Fountain m’a profondément bouleversé. Darren Aronofsky a signé un film magnifique et douloureux : un film qui place le spectateur face à sa plus grande peur.

The Fountain est un triptyque métaphorique gigantesque sur la manière dont on refuse la mort, dont on la combat et finalement, dont on l’accepte. Ainsi, le film enchevêtre trois histoires bien distinctes dans l’espace comme dans le temps, qui représentent le cheminement d’un même esprit. Cet esprit, c’est celui du personnage d’Hugh Jackman, qui vient de perdre sa femme. Au-delà de la perte de son tout et de la culpabilité qui en découle, il devra accepter sa propre mortalité.

Jackman
Manque plus que l'adamantium

Le récit du refus ouvre le film et se situe dans l’Espagne de l’Inquisition : un conquistador est envoyé en Amérique du Sud, trouver un arbre biblique : l’Arbre de Vie. Le combat se passe à notre époque, où un chercheur mène une course effrénée pour trouver le remède au cancer de sa femme à partir de l’écorce de l’Arbre de Vie. Enfin, l’acceptation est représentée par un bouddhiste dérivant dans l’espace – en quête du Nirvana qui fécondera l’Arbre de Vie.

Les trois personnages allégoriques démarrent leur quête dans le même état d’esprit : ils veulent sauver l’amour de leur vie – symbolisé, au-delà du personnage, par un anneau. Mais leur chemin divergera : le chercheur perdra l’anneau en cours de route – il perdra son amie et le goût à la vie en devenant obsédé par son combat pour qu’elle vive. Le conquistador s’accrochera à l’anneau en détruisant tous les obstacles : sa quête d’immortalité le conduira à une fin précoce et il perdra finalement le bijou. A l’inverse, le bouddhiste, séparé de l’anneau depuis longtemps, le retrouvera miraculeusement lorsqu’il acceptera sa mortalité et qu’il retrouvera son tout dans l’au-delà.

Chaque facette suit une trajectoire mouvementée, symbolisée par l’utilisation de lumières jaunes – symbolisant les peurs des personnages – et blanches – symbole de leurs espoirs. Une idée de mise en scène parfaitement adéquate avec le ton poétique du film et qui lui donne un style visuel unique (parfois proche d’une bichromie). D’ailleurs, le film démarre dans une ambiance sombre et majoritairement jaune, mais termine immaculé.

Maya
Tu la sent la belle esthétique là?

The Fountain est un chef d’œuvre poétique, empreint d’une symbolique puissante qui prend le temps de questionner le spectateur sur sa propre mortalité. C’est selon moi le meilleur film d’Aronofsky et qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le film ne peut pas laisser indifférent. Donc, passez outre les critiques désastreuses et plongez-vous dans The Fountain (. . .).


Pala