mardi 6 mai 2014

[Critique] L'Arbre de Vie – la recherche de la Foi

The Tree of Life
Intense

En 2011, Canne tombe sous le charme du nouveau film de Terrence Malik, The Tree of Life : un film à l’esthétique rare et profondément mystique qui va énormément diviser le publique. Très vite, l’opinion s’exprime : les critiques sont des snobs*, leur amour pour ce film ne sert qu’à se distinguer.


Pourtant, au-delà des préjugés et des prises de parti hâtives, les deux heures de The Tree of Life sont un instant à part, un instant de pure méditation, une fresque contemplative racontant le combat intérieur entre la Grâce et la Nature*. Le film raconte l’histoire d’une famille ; plus spécifiquement, du premier né, de sa naissance à l’âge adulte. Cette famille est une métaphore de la Sainte Famille**, le parcours du protagoniste, celui qui mène l’Homme de la Nature à la Grâce.

Ici, le père représente autant Dieu que la Nature. Il est sévère, autoritaire, cruel même, aux yeux de ses enfants, mais il pense le faire pour leur bien. Il est également dévoré par son ambition matérielle (sa position sociale, ses biens). La mère, quant à elle, c’est Marie autant que la Grâce. Elle est bienveillante, elle pardonne, elle aime. Elle est en empathie avec le Monde, dévastée par la perte de son fils. Ce fils perdu, c’est le jeune frère de l’Homme, il est Jésus et le Choix. Il hésite, il se laisse influencer ou tente de devenir meilleur. Finalement, son sacrifice amène l’Homme à comprendre et à aimer le Père, paradoxalement, c’est cet amour qui le conduira sur le chemin de la Grâce, à la fin du film.

Le père
Tuer le père

Ce film a un propos religieux, certes, mais il ne l’impose pas, chaque plan est long, le rythme du film est calme et donne le temps de réfléchir. On pense continuellement devant ce film, on s’interroge, on se positionne. Et puis le propos n’est pas dénué de nuances : Dieu, le père, se révèle faillible ; Marie, la mère, malgré tout l’amour qu’elle porte à ses enfants et incapable de les protéger du père ; Jésus, le fils sacrifié, n’empêche pas l’éclatement de la famille à l’âge adulte.

The Tree of Life est une œuvre métaphysique qui invite le spectateur à se remettre en question, mais qui ne lui tend pas une réponse simple. Par-delà, c’est également un chef d’œuvre artistique. La photographie est incroyable, la lumière envoûtante, chaque plan est un bijou à lui seul, la musique est magique : finalement, le film semble transmettre la nostalgie de l’instant figé. De plus, Malik réussit le tour de force d’introduire une création du Monde presque psychédélique sans rompre l’harmonie de son travail.

Cosmos
Woho! comment en est-on arrivé là?

The Tree of Life est beau, intelligent, les acteurs sont brillants, les émotions vous submergent, le film refuse de vous prendre de haut, il vous tend la main. Si vous l’accepter, il pourrait s’agir du premier pas vers une remise en question de vos préjugés sur la Foi, quels qu’ils soient.

Pala


*Les sources marqués de « * » m’ont paru représentative de leur sujet. Seulement, je ne puis garantir le sérieux des autres articles du site ou de l’auteur.
** Je sais, il n’y a pas Joseph dans TToL, mais Dieu, mais c’est l’idée.