Apaisement |
Chaque mort est différente. Chaque
individu l’affronte à sa manière.
Tout au long de notre vie, nous cherchons à la fuir ou à l’admettre. Car, nous
le savons, notre temps est compté, celui de nos proches également :
certains peuvent se croire
invincibles un jour, ils seront poussière
le lendemain. Mais comment l’accepter ? Et est-ce
seulement acceptable ?
Des milliers d’œuvres traitent de
cette angoisse fondamentale,
toutes selon un angle différent, rapport au vécu de leur auteur. Parmi elles, The Fountain m’a
profondément bouleversé. Darren
Aronofsky a signé un film magnifique et douloureux : un film qui place le spectateur face à sa plus grande peur.
The Fountain est un triptyque métaphorique gigantesque sur la
manière dont on refuse la mort, dont on la combat et finalement, dont on l’accepte.
Ainsi, le film enchevêtre trois histoires bien distinctes dans l’espace comme
dans le temps, qui représentent le cheminement d’un même esprit. Cet esprit,
c’est celui du personnage d’Hugh Jackman, qui vient de perdre sa femme. Au-delà
de la perte de son tout et de la culpabilité qui en découle, il devra accepter
sa propre mortalité.
Manque plus que l'adamantium |
Le récit du refus ouvre le film
et se situe dans l’Espagne
de l’Inquisition : un conquistador est envoyé en Amérique du Sud,
trouver un arbre biblique : l’Arbre
de Vie. Le combat se passe à notre époque, où un chercheur mène une course
effrénée pour trouver le remède au cancer de sa femme à partir de l’écorce de l’Arbre de Vie. Enfin,
l’acceptation est représentée par un bouddhiste dérivant dans l’espace – en
quête du Nirvana qui fécondera l’Arbre de Vie.
Les trois personnages allégoriques
démarrent leur quête dans le même état d’esprit : ils veulent sauver
l’amour de leur vie – symbolisé, au-delà du personnage, par un anneau. Mais leur
chemin divergera : le chercheur perdra l’anneau en cours de route – il
perdra son amie et le goût à la vie en devenant obsédé par son combat pour qu’elle
vive. Le conquistador s’accrochera à l’anneau en détruisant tous les obstacles :
sa quête d’immortalité le conduira à une fin précoce et il perdra finalement le
bijou. A l’inverse, le bouddhiste, séparé de l’anneau depuis longtemps, le
retrouvera miraculeusement lorsqu’il acceptera sa mortalité
et qu’il retrouvera son tout dans l’au-delà.
Chaque facette suit une
trajectoire mouvementée, symbolisée par l’utilisation de lumières jaunes –
symbolisant les peurs des personnages – et blanches – symbole de leurs espoirs.
Une idée de mise en scène parfaitement adéquate avec le ton poétique du film et
qui lui donne un style visuel unique (parfois proche d’une bichromie). D’ailleurs, le film
démarre dans une ambiance sombre et majoritairement jaune, mais termine immaculé.
Tu la sent la belle esthétique là? |
The Fountain est un chef d’œuvre poétique, empreint d’une
symbolique puissante qui prend le temps de questionner le spectateur sur sa
propre mortalité. C’est selon moi le meilleur film d’Aronofsky et qu’on l’aime
ou qu’on le déteste, le film ne peut pas laisser indifférent. Donc, passez
outre les critiques désastreuses et plongez-vous dans The Fountain (.
. .).
Pala