Intense |
En 2011, Canne
tombe sous le charme du nouveau film de Terrence Malik, The Tree of Life :
un film à l’esthétique rare et profondément mystique qui va énormément diviser
le publique. Très vite, l’opinion s’exprime : les critiques sont des snobs*,
leur amour pour ce film ne sert qu’à se distinguer.
Pourtant, au-delà des préjugés et
des prises de parti hâtives, les deux heures de The Tree of Life sont un instant à part, un instant de pure méditation,
une fresque contemplative racontant le combat intérieur entre la Grâce
et la Nature*. Le film raconte l’histoire d’une famille ; plus
spécifiquement, du premier né, de sa naissance à l’âge adulte. Cette famille est
une métaphore de la
Sainte Famille**, le parcours du protagoniste, celui qui mène l’Homme de la
Nature à la Grâce.
Ici, le père représente autant
Dieu que la Nature. Il est sévère, autoritaire, cruel même, aux yeux de ses
enfants, mais il pense le faire pour leur bien. Il est également dévoré par son
ambition matérielle (sa position sociale, ses biens). La mère, quant à elle, c’est
Marie autant que la Grâce. Elle est bienveillante, elle pardonne, elle aime.
Elle est en empathie avec le Monde, dévastée par la perte de son fils. Ce fils
perdu, c’est le jeune frère de l’Homme, il est Jésus et le Choix. Il hésite, il
se laisse influencer ou tente de devenir meilleur. Finalement, son sacrifice
amène l’Homme à comprendre et à aimer le Père, paradoxalement, c’est cet amour
qui le conduira sur le chemin de la Grâce, à la fin du film.
Tuer le père |
Ce film a un propos religieux,
certes, mais il ne l’impose pas, chaque plan est long, le rythme du film est
calme et donne le temps de réfléchir. On pense continuellement devant ce film,
on s’interroge, on se positionne. Et puis le propos n’est pas dénué de nuances :
Dieu, le père, se révèle faillible ; Marie, la mère, malgré tout l’amour
qu’elle porte à ses enfants et incapable de les protéger du père ; Jésus,
le fils sacrifié, n’empêche pas l’éclatement de la famille à l’âge adulte.
The Tree of Life est une œuvre métaphysique qui invite le
spectateur à se
remettre en question, mais qui ne lui tend pas une réponse simple. Par-delà,
c’est également un chef d’œuvre artistique. La photographie est
incroyable, la lumière envoûtante, chaque plan est un bijou à lui seul, la musique est magique : finalement, le film semble transmettre la nostalgie de l’instant figé. De plus,
Malik réussit le tour de force d’introduire une création
du Monde presque psychédélique sans rompre l’harmonie de son travail.
Woho! comment en est-on arrivé là? |
The Tree of Life est beau, intelligent, les acteurs sont brillants,
les émotions vous submergent, le film refuse de vous prendre de haut, il vous
tend la main. Si vous l’accepter, il pourrait s’agir du premier pas vers une
remise en question de vos
préjugés sur la Foi, quels qu’ils soient.
Pala
*Les sources marqués
de « * » m’ont paru représentative de leur sujet. Seulement, je ne
puis garantir le sérieux des autres articles du site ou de l’auteur.
** Je sais, il n’y a
pas Joseph dans TToL, mais Dieu, mais c’est l’idée.