L'usine de Kremikovtzi par D. Knisely |
Ainsi, mes errances musicales m’ont
conduit sur la page d’un musicien nommé Juluan Pierre, que j’avais
découvert dans la foulée de la première soirée Container – organisée
par le très bon collectif de musique électronique (orienté
techno) du même nom. Juluan vient de poster son deuxième set intitulé
« le
diable probablement ». Une descente tourmentée dans les vestiges
industriels d’un monde en bout de course, jusqu’à l’impact avec le
Diable : seul moyen de quitter la nuit… Techno ultra-indus et trip planant
au programme.
Association d’idées oblige, me
voilà à chercher le penchant pictural de ce que je viens d’entendre. Je trouve
la photo idéale, en noir et blanc, elle montre une usine désaffectée, sale,
inhospitalière, démesurée, où la lumière blafarde peine à éclairer la crasse
ambiante : cyber punk. Elle est tirée d’un
album de 43 vues d’une usine de Kremikovtzi, en Bulgarie. Son auteur
s’appelle Douglas
Knisely, il vit à Seattle. Ses photos, à l’image de cet album de mai 2013,
sont authentiques, puissantes.
J’ai le son, j’ai l’image – ne manque que le mouvement : quel film viendrait compléter mon étrange voyage ? Je sais bien de quoi parler : Blade Runner ! Mais je ne veux pas, non : trop vu, revu, où est l’intérêt ? Second choix : pas de l’underground, mais moins populaire du moins : Eraserhead.
Le film date de 1977 et est le
premier long métrage de David
Lynch. A en croire le Fossoyeur de Film,
Il sera également le dernier midnight movie
important. Tout ce qui fera la cinématographie de Lynch y est déjà
présent : l’histoire, sans intérêt particulier (un couple tente d’assumer
leur rôle de parents à l’arrivée de leur premier né) est prétexte à un trip
malsain et fantasmagorique vers la folie sombre. Ici, les pustules éclatent à
la même vitesse que les embryons. C’est sale, c’est oppressant, ça bourdonne
mais on reste scotché, on en redemande : c’est une prise d’acide sur
canapé. Exactement le genre de films qui ont bercé ma jeunesse !
J’ai le son, l’image et le
mouvement : l’industrie m’entoure, je suffoque, je pers pied… mais :
et le « rêve » alors ? C’est ce qu’il reste de mon sujet
initial : un weekend ensoleillé en Hollande, au DGTL festival, une house propre et
fraîche… dans une zone industrielle – toujours – mais nettoyée, où la
lumière est douce, sans poussière, loin de la sueur, loin de l’engrenage.
Retour à la réalité, il est tard,
je dormirai mal cette nuit, écrasé par le souvenir métallique de ma soirée, par
l’impuissance face à la machine. Par curiosité, je clique sur un dernier lien
Soundcloud : Qabbalah,
seulement 4 morceaux et 49 followers : du trip-hop fusion aux sonorités
chinées à travers le monde. Enfin, j’atteins le repos qui précède le rêve.
Qabbalah, merci : tu as sauvé ma nuit.
Pala