jeudi 24 avril 2014

[Arc] Kremikovtzi – de l’industrie du rêve

Usine de Kremikovtzi par D.Knisely
L'usine de Kremikovtzi par D. Knisely
C’est lorsque l'on tente de s’élever qu’on plonge le plus profond… ou l’inverse. Je pensais vous parler house, soleil, douceurs estivales, mais le destin en a voulu autrement.

Ainsi, mes errances musicales m’ont conduit sur la page d’un musicien nommé Juluan Pierre, que j’avais découvert dans la foulée de la première soirée Container – organisée par le très bon collectif de musique électronique (orienté techno) du même nom. Juluan vient de poster son deuxième set intitulé « le diable probablement ». Une descente tourmentée dans les vestiges industriels d’un monde en bout de course, jusqu’à l’impact avec le Diable : seul moyen de quitter la nuit… Techno ultra-indus et trip planant au programme.

Association d’idées oblige, me voilà à chercher le penchant pictural de ce que je viens d’entendre. Je trouve la photo idéale, en noir et blanc, elle montre une usine désaffectée, sale, inhospitalière, démesurée, où la lumière blafarde peine à éclairer la crasse ambiante : cyber punk. Elle est tirée d’un album de 43 vues d’une usine de Kremikovtzi, en Bulgarie. Son auteur s’appelle Douglas Knisely, il vit à Seattle. Ses photos, à l’image de cet album de mai 2013, sont authentiques, puissantes.

J’ai le son, j’ai l’image – ne manque que le mouvement : quel film viendrait compléter mon étrange voyage ? Je sais bien de quoi parler : Blade Runner ! Mais je ne veux pas, non : trop vu, revu, où est l’intérêt ? Second choix : pas de l’underground, mais moins populaire du moins : Eraserhead.
Eraserhead
Oscar de la meilleure coupe de cheveux pour...

Le film date de 1977 et est le premier long métrage de David Lynch. A en croire le Fossoyeur de Film, Il sera également le dernier midnight movie important. Tout ce qui fera la cinématographie de Lynch y est déjà présent : l’histoire, sans intérêt particulier (un couple tente d’assumer leur rôle de parents à l’arrivée de leur premier né) est prétexte à un trip malsain et fantasmagorique vers la folie sombre. Ici, les pustules éclatent à la même vitesse que les embryons. C’est sale, c’est oppressant, ça bourdonne mais on reste scotché, on en redemande : c’est une prise d’acide sur canapé. Exactement le genre de films qui ont bercé ma jeunesse !

J’ai le son, l’image et le mouvement : l’industrie m’entoure, je suffoque, je pers pied… mais : et le « rêve » alors ? C’est ce qu’il reste de mon sujet initial : un weekend ensoleillé en Hollande, au DGTL festival, une house propre et fraîche… dans une zone industrielle – toujours – mais nettoyée, où la lumière est douce, sans poussière, loin de la sueur, loin de l’engrenage.

Retour à la réalité, il est tard, je dormirai mal cette nuit, écrasé par le souvenir métallique de ma soirée, par l’impuissance face à la machine. Par curiosité, je clique sur un dernier lien Soundcloud : Qabbalah, seulement 4 morceaux et 49 followers : du trip-hop fusion aux sonorités chinées à travers le monde. Enfin, j’atteins le repos qui précède le rêve. Qabbalah, merci : tu as sauvé ma nuit.

Pala